Tout savoir sur les chauves-souris

Vol avec les mainsdessinlucj
La tête en bas
La vie la nuit
L’écholocation
Régime alimentaire
Milieu de vie
Bibliographie

Bien qu’elles soient volantes et protégées par la LPO, les chauves-souris ne sont pas des oiseaux mais bien des mammifères! Les femelles allaitent donc leur unique petit de l’année. Leurs mœurs nocturnes en ont fait des animaux mal connus et donc mal aimés. Pourtant pour s’adapter à ce mode de vie particulier, ils ont du développer des capacités exceptionnelles qui les rendent fascinantes et à part dans la classe des mammifères.

1- Vol avec les mains

Petite image

Les chauves-souris sont les seuls mammifères pouvant voler activement. Certains écureuils volants et marsupiaux volants ont tenté de faire de même mais ils ne sont capables que de planer. Cette aptitude au vol a été possible grâce à des adaptations morphologiques extraordinaires. Tout d’abord les ailes : à l’exception du pouce, les doigts se sont allongés et sous-tendent une fine membrane de peau qui assure la portance, le patagium. Ainsi, contrairement aux oiseaux qui volent avec leur bras tout entier, les chauves-souris volent avec leurs mains, ce qui leur a valu le nom de chiroptères : du grec cheiro : « main » et ptère : « aile ».

Dotée de nombreux capteurs la rendant très sensible aux mouvements d’air, cette main ailée permet aux chauves-souris d’avoir un vol bien plus agile et précis que celui des oiseaux.

Les petits plus :

* certaines espèces comme les rhinolophes peuvent l’utiliser comme barrière isolante lorsqu’elles sont au repos.
* Le patagium peut aussi être utilisé comme une épuisette pour attraper les insectes à la surface de l’eau.

2- La tête en bas

Avoir des ailes ne fait pas tout. L’adaptation au vol s’est aussi traduite par un allègement du poids du corps, et plus particulièrement des os. Les jambes sont ainsi trop faibles pour que les chauves-souris puissent tenir debout. De même, leurs membres supérieurs sont des ailes ce qui rend les déplacements et l’envol à partir du sol difficiles.

Elles ont donc développé un ingénieux système pour se suspendre la tête en bas sans aucun effort et sans que le cerveau ne se trouve inondé. Leurs pieds ont subi une rotation de 180° par rapport aux nôtres pour pouvoir s’accrocher plus facilement aux branches, aux voûtes des cavités ou aux charpentes. Mais le plus astucieux réside dans le système de suspension lui-même : le poids du corps exerce une traction sur les tendons qui maintiennent les griffes en position d’accrochage. Cela ne leur demande aucune dépense d’énergie et leur permet de rester ainsi pendant de longues périodes comme lors de l’hibernation. Elles se laissent ensuite tomber pour s’envoler sans effort.

Le petit plus :
Ce système de suspension original leur permet de rester à l’abri des prédateurs en s’accrochant dans les endroits les plus inaccessibles.

3- La vie la nuit

Toutes les espèces de chauves-souris qui existent de par le monde ont une activité majoritairement nocturne. Ce mode de vie en décalé est à l’origine de beaucoup de croyances et de peurs. Mais alors, pourquoi les chauves-souris vivent-elles presque exclusivement la nuit ?

Trois explications sont avancées. Tout d’abord cela leur permet d’échapper à de nombreux prédateurs, et en particulier aux rapaces. Ensuite la vie la nuit leur permet d’éviter la concurrence avec les oiseaux diurnes insectivores et d’accéder à une manne de nourriture jusque-là inexploitée. Enfin, les ailes ne sont pas adaptées à une exposition au soleil. En effet, la surface considérable du patagium agirait en véritable capteur solaire qui poserait des problèmes dans la régulation de la température corporelle.

4- L’écholocation

Bien qu’elles ne soient pas aveugles, les chauves-souris ont dû développer une aptitude exceptionnelle pour se déplacer et repérer leurs proies dans l’obscurité : l’écholocation. Elles émettent donc des ondes sonores très rapides et directionnelles qui vont rebondir sur les objets environnants et revenir sous forme d’échos à leurs oreilles. Les chauves-souris se construisent ainsi une image sonore très précise de leur environnement au point de pouvoir attraper un moustique en plein vol !

Les chauves-souris émettent des cris dans des fréquences très hautes allant de 10 à 110 kHz qui ne sont pas audibles par l’Homme. L’analyse acoustique de ces ondes permet de distinguer les différentes espèces puisqu’elles émettent toutes des signaux qui leur sont propres, selon le milieu (ouvert ou fermé) et les techniques de chasse. Ainsi, le Murin de Natterer qui chasse en milieu fermé n’utilisera pas les mêmes fréquences et intensités de cri que la Noctule commune évoluant dans un milieu ouvert.

5- Régime alimentaire

En Europe, les chauves-souris se nourrissent exclusivement d’insectes et autres arthropodes tels que les araignées, les opilions, ou encore les carabes. Chaque individu peut consommer jusqu’à la moitié de son poids en insectes chaque nuit. Ainsi, il a été estimé qu’une colonie de 500 grands murins consomme au cours d’une saison d’activité près d’une tonne d’insectes !

Chaque espèce chasse des proies particulières en fonction de sa taille, de son vol et de la puissance de ses mâchoires.

Selon leur régime alimentaire elles ont donc développé des techniques de chasse différentes comme le glanage au sol (Grand Murin) ou sur la végétation (Murin à oreilles échancrées), la chasse en poursuite (Murin de Bechstein) ou à l’affût (Grand Rhinolophe).

6- Milieu de vie

La présence des chauves-souris est souvent associée à leurs gîtes d’estive ou d’hibernation. Pourtant, les chiroptères exploitent des territoires relativement vastes et ont besoin d’un ensemble de critères environnementaux pour pouvoir s’établir. On distingue 3 zones à leur domaine vital :

Habitat
À l’exception des zones glaciaires, ces petits mammifères volants ont conquis tous les milieux de la planète. On les trouve dans un nombre impressionnant de gîtes naturels : milieux souterrains, crevasses et fissures des parois rocheuses, sous les feuillages, derrière les écorces ou dans les cavités des arbres. Depuis que l’Homme s’est fait bâtisseur, elles occupent aussi la majorité des constructions, des charpentes aux caves, en passant par les ponts et les ouvrages militaires.

Terrain de chasse :
Les chauves-souris ont investi toutes les strates du milieu naturel. On les retrouve aussi bien dans les milieux ouverts tels que les prairies ou bocages, qu’en milieu fermé comme en forêt (Noctules, Grand Murin), en passant par les cours d’eau (Murin de Daubenton) ou sous les lampadaires des villages (Pipistrelles). La présence d’insectes est évidemment un critère essentiel.

Les corridors de déplacement
Les zones de chasse peuvent parfois être éloignées des gîtes et les distances parcourues quotidiennement varient en fonction des espèces et du milieu environnant (de 5 à 30 km du gîte). Lors de leurs déplacements, les chauves-souris empruntent des structures linéaires du paysage comme les alignements de buissons et d’arbres, les haies, les lisières forestières, les cours d’eau, etc. Elles sont donc particulièrement vulnérables à la fragmentation des habitats qui entraine une rupture dans le paysage. En effet, elles ne pourront s’orienter dans un milieu trop ouvert à cause du manque de points de repère (plaine de grande culture, grande surface de vignes…)

Bibliographie

  1. Arthur L., Lemaire M., 2009 – Les chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Biotope, Mèze (Collection Parthénope) ; Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, 544 p.
  2. Arthur L., Lemaire M., 2005 – Les chauves-souris maîtresses de la nuit. Delachaux et Niestlé
  3. Dietz C., Von Helversen O., Nill D., date – L’encyclopédie des chauves-souris d’Europe et d’Amérique du Nord. Edition
  4. Sur les traces des chauves-souris, CPN
  5. Prevost O., 2004 – Le guide des chauves-souris en Poitou-Charentes. Geste Editions.
  6. Fairon J., Busch E., Petit T., Schuiten M., 2003 – Guide pour l’aménagement des combles et clochers des églises et d’autres bâtiments, Brochure technique n°4, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique groupement Nature.
  7. L’écholocation chez les chauves-souris – Pauline VAN LAERE – Université Paris 13 Année 2007-2008
  8. Guide technique étudier et protéger des chauves-souris, Septembre 2011 – PNR des Caps et Marais d’Opale