Agriculture et bio diversité

Programme « Agriculture et Biodiversité », une initiative de la LPO

De nombreuses études attestent que la destruction ou détérioration des habitats par l’agriculture apparaît comme l’un des facteurs majeurs de régression de la faune et de la flore en France comme en Europe.

13 des 20 espèces d’oiseaux qui ont le plus régressé ces 20 dernières années (de plus de 50% de leurs effectifs nicheurs) le doivent principalement à l’agriculture.

L’absence de prise en compte de l’environnement dans les pratiques agricoles a des répercussions sur les ressources naturelles (pollution de l’eau, dégradation des sols, banalisation des paysages) et donc des conséquences sur la biodiversité.

Les zones humides sont asséchées, drainées, mises en culture, alors qu’elles constituent l’habitat quasi exclusif de plus de 130 espèces d’oiseaux d’eau, soit près de 38% de l’avifaune française.

Le remembrement de gigantesques superficies a fait disparaître bon nombre de haies et de bocage et continue encore aujourd’hui (de 1982 à 1990, diminution de 11% de la surface boisée hors forêt).

Les prairies permanentes (prairies sèches, landes) vouées jadis à l’élevage extensif disparaissent au profit de cultures intensives (engrais de synthèse, irrigation, pesticides non sélectifs, mécanisation des récoltes).

Face à ce constat différentes réflexions peuvent être envisagées comme des objectifs :
- Promouvoir une agriculture plus respectueuse de l’environnement (réduction des pollutions, inversion des tendances actuelles, maintien de la diversité des espèces et des habitats, amélioration de la trame écologique),
- Préserver et restaurer la qualité paysagère et patrimoniale,
- Maîtriser le ruissellement pluvial et ses conséquences,
- Prévenir les risques d’érosion et améliorer la qualité des ressources en eau du bassin versant. Mais aussi :
- Valoriser des surfaces en herbe,
- Développer l’effet lisière,
- Mettre en place des zones tampon (haies, bandes enherbées…) entre milieu agricole et milieu sensible (rivière, coteau…),
- Créer ou renforcer les corridors écologiques,
- Favoriser la présence des auxiliaires des cultures. Et puis encore :
- Valoriser le corps de ferme et diversifier les activités en rapport avec la qualité et la gestion des milieux (production de bois d’oeuvre et de chauffage, gîte…)

Rappelons que la France s’est engagée dans un plan de restauration de la biodiversité et s’est fixée pour objectif d’arrêter la perte de cette biodiversité d’ici à 2010. Ceci ne pourra se faire sans une prise de mesures spécifiques de la politique agricole appliquée aux exploitations.

Le projet « Agriculture et Biodiversité » vise à promouvoir à l’échelle de l’exploitation la restauration de la biodiversité et des paysages avec l’atteinte d’un revenu suffisant pour les agriculteurs et faire un bilan des expériences acquises et reproductibles afin de les rendre compatibles avec les politiques européennes, nationales et régionales.

L’objectif de la LPO est d’initier et mettre en oeuvre au niveau national ce programme expérimental de reconquête de la biodiversité en milieu agricole concernant 160 agriculteurs choisis parmi 16 départements dont l’Indre-et-Loire.

Ce travail a lieu avec des agriculteurs volontaires des réseaux Agriculture Biologique (GABBTO), Agriculture Durable (FRCIVAM / RAD) et Agriculture Raisonnée (FARRE).

Les retombées attendues et espérées par les agriculteurs sont :
- promouvoir les pratiques agricoles respectueuses de la biodiversité par l’exemplarité au niveau de l’exploitation auprès des autres organisations agricoles,
- rechercher les politiques publiques qui encouragent, contribuent à la protection de la biodiversité et contribuer, encourager les mesures agro environnementales issues de la PAC auprès de l’Etat et des collectivités locales, et surtout des agriculteurs,
- rapprocher les agriculteurs des acteurs de l’environnement et mettre en place des relais de formation/ information entre agriculteurs et environnementalistes pour divulguer les acquis de ce programme. La LPO Touraine a dans le cadre de ce programme passé une convention avec 6 agriculteurs :
- 2 en agriculture biologique (un éleveur de Charolaises et un éleveur de vaches laitières),
- 2 en agriculture durable (un éleveur de chèvres et un éleveur de vaches allaitantes + polyculture)
- 2 en agriculture raisonnée (un éleveur de porcs + céréales, et un producteur de lait).

Ce programme comprend plusieurs phases de 2006 à 2010.

Pour l’année 2006, il est prévu :
- la réalisation de STOC-EPS (points d’écoute des oiseaux ayant pour but la réalisation de l’état initial des populations) sur les 6 exploitations
- la réalisation du diagnostic du patrimoine naturel
- la réalisation du diagnostic global d’exploitation

Le recueil des données fera l’objet d’un diagnostic pour chaque exploitation qui donnera lieu à une proposition de plan de gestion et d’amélioration de la biodiversité et des paysages et leur méthode d’évaluation.

Il ne faut plus considérer la mise en oeuvre d’un plan de gestion pour la biodiversité comme une contrainte supplémentaire, mais entrevoir cet outil comme un moyen de définir des modes culturaux ou d’élevage, de déterminer de nouveaux itinéraires techniques, de revisiter les modes de production afin de tirer un meilleur bénéfice, et donc un meilleur salaire, du travail agricole. L’objectif ultime serait de mettre en place une gestion de maintien des ressources naturelles et de la biodiversité.

Yann BATAILHOU, Tony BOUSSEREAU


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